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Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич12, 23 ноября (2't ноября, 5 декабря) 1852. Спасское Spasskoie, le 12/24 novembre 52. Chere et bonne Madame V<iardot>. J'ai recu hier une lettre1 de vous apres un mois de silence.-- Les jours ou je recois des lettres de vous - sont mes jours ч1е fete.-- Celle d'hier m'a rendu tout a t'ait heureux - je suis bien content que la petite Pauline ait bon coeur et sache se faire aimer.-- Aussitot apres avoir lu votre lettre, je suis alle a la bibliotheque prendre Racine et je me suis recite la scene d'"Athalie"2 en question.-- Savez-vous qu'elle est bien difficile - surtout pour Athalie? - Je ne sais vraiment ce que je n'aurais pas donne pour pouvoir assister a cette representation au grand salon - est-il vraiment possible que je ne revoio jamais Courtavenel? - Je ne veux pas y croire... Komaroff est un sot - cela ne fait pas l'ombre d'un doute - mais il n'aurait pas ete en etat de vous dire grand-chose sur mon compte - je ne l'ai presque pas vu depuis mon relour on Russie3.-- Il est riche a present - ses parents etant morts - mais plus stupide que jamais. Vous devez deja savoir a present que Tambeiiik n'est pas mort, Dieu merci.-- On m'ecrit de Petersbourg que l'opera y est detestable4.-- On pense beaucoup a vous et les c-tes W<ielgorsky> parlaient beaucoup de vous faire des propositions pour le reste de la saison5.--Si vous alliez a Petersbourg - voila qui serait cruel pour moi! - On y monte "Le Prophete" - avec changements - pour Lablache6.-- Le cholera n'est pas tres violent a Petersbourg - cependant, il fait mine de revenir sur ses pas; nous avons eu quelques cas ici - mais pas un mortel. Je recois l'"Athenaeum" - et je reconnais les articles de Chorley a un certain melange de bon sens, de loyaute et de quaintness un peu recherchee,--qui n'appartient qu'alui.-- La seule chose que je puisse lui reprocher, c'est d'ecrire de temps en temps des pieces de vers dans le gout de Tennyson,-- que j'ai en horreur - c'est le Marini de notre temps. - A force de chercher la nouveaute et la grace dans l'expression - ces poetes modernes deviennent inintelligibles.-- Ils me font l'effet de gens qui se demanderaient: Ou et comment dois-je me gratter? - et qui finissent par se gratter le bout du nez avec la main gauche - passee derriere la tete et l'oreille droite. Oyez plutot: Could you not drink her gaze like wine? Yet, though their splendour swoon Into the lamplight languidly As a tune into a tune Those eyes are wide and clear - as if THEY SAW THE STARS AT NOON!! (Athenoeum N. 1304.)7 О Byron! Ou es-tu? - Toi, qui t'es moque de Keats pour avoir dit d'une coupe de vin qu'elle etait "full of provencal song and sunburnt mirth" - qu'aurais-tu dit de ces yeux qui voient des etoiles en plein midi8?-- Traduisez le tout s'il vous plait pour la jubilation de votre mari.-- Notre litterature offre aussi des exemples d'une pareille tendance - il faut la combattre avec acharnement - pour cela il n'y a pas de meilleur antidote que la lecture des anciens - de ces anciens si vigoureux, si simples et si beaux - ou bien de l'adorable Cervantes, que j'espere traduire un jour, si je ne meurs pas d'ici la9. Si vous desirez savoir ma facon de vivre ici --je vais vous la dire en peu de mots: j'ai trouve qu'il n'y a qu'un seul moyen de combattre l'ennui - c'est... que croyez-vous? - c'est l'uniformite.-- Je m'explique: j'ai partage ma journee en certaines parties, destinees a certaines occupations toujours les memes - et je ne me depars jamais de l'ordre etabli.-- Cela fait que je ne trouve jamais le temps trop long - c'est comme quand on marche dans une route connue et dont le but est fixe par vous-meme: ou il n'y a pas d'impatience et d'incertitude - il n'y a pas d'ennui - du moins il n'y a pas de cet ennui qui vous pese et vous agite.-- Je fais en meme temps beaucoup d'ouvrage: je viens d'achever un petit roman10 d'une centaine de pages - et je lis enormement.-- Mais je ne vais nulle part - car j'ai remarque que le moindre derangement dans cet ordre etabli dont je viens de parler est surtout nuisible pour les jours suivants, qui paraissent alors un peu plus lourds a mener jusqu'au soir.--Voici du reste mes occupations de la journee.-- Je me leve a 8 h.-- Je dejeune, etc., jusqu'a 9.-- Puis, je fais une promenade d'une heure. De 10 a 2 h. lecture, ou bien j'ecris des lettres, etc. A 2 h. je mange un morceau - autre petite promenade.-- Puis, je travaille jusqu'a 4 h. et demie.-- Diner a cinq heures dans la maison avec toute la famille Tutcheff - (j'habite une petite aile donnant dans le jardin).-- Je reste avec eux jusqu'a 10 h.-- Nous jouons aux cartes ou bien je fais une lecture a haute voix, etc. Je rentre a 10 h.-- Je lis jusqu'a 11 et je me couche et ainsi de suite - un jour comme l'autre.-- Ce n'est pas bien gai, comme vous voyez - mais cela n'est pas non plus aussi triste qu'on pourrait le croire. Ah! j'ai oublie trois parties de billard que je fais chaque matin avec le docteur. - J'ai etabli une maison de sante pour les paysans a une werste d'ici. Dimanche, 23 novembre/5 decembre Chere Madame V<iardot> - Je pars demain pour aller a 50 werstes d'ici chez un riche proprietaire11, ou il y aura bal,musique, grande reunion de tous les voisins et voisines - etc. En voila une fameuse diversion a l'uniformite dont je vous parlais.-- A mon retour, je vous donnerai tous les details de cette excursion.-- Ce meme proprietaire a un assez grand orchestre - je crois vous en avoir parle.-- Je prierai son maitre de chapelle qui est un Allemand12 de me faire jouer du Beethoven - la 7-eme symphonie ou hien celle en ut mineur ou l'heroique ou la pastorale ... Chere et bonne amie, je vous souhaite tout ce qu'il y a de meilleur au monde - mille amities a Louis V<iardot> et a tous les bons amis. Je vous embrasse les mains et vous prie d'embrasser Pauline et Louise de ma part. Votre J. T. |
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