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Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич19, 20 июня (1, 2 июля) 1850. Петербург Vous ne sauriez vous imaginer quel plaisir m'a cause votre rentree triomphale a Londres1. Decidement, vous etes la star de la saison et je sens que j'aime les Anglais pour tous les hommages dont ils vous environnent. Vous avez donne mon petit billet a Chorley, n'est-ce pas? Je lui serre cordiae lement la main. Il vous aime; comment ne l'aimerais-j-pas? Je suis si heureux de causer ici, a je ne sais combien de lieues de vous - avec vous et de vous. Tous ces messieurs autour de moi ne se doutent pas quel doux souvenir je cultive (prenez ce mot dans son etymologie de culte) dans ce moment. Votre nom a ete prononce par un des Juifs du bateau: il vous a vue dans "Le Prophete" - il vous trouve tres bien, mais il vous prefere Mlle... Goundi de Leipsic. Pas mal pour un Juif seul. Eh bien! j'ai eu du plaisir a l'entendre prononcer votre nom. A Paris je ne passais jamais devant une affiche sans m'arreter pour la lire, quand je l'y voyais. Que Dieu vous benisse, chere, bonne amie et vous conserve longtemps votre jeunesse et votre voix. Votre pauvre ami absent fait bien des voeux pour vous. La mer est parfaitement calme, d'une couleur plombee et laiteuse. La nuit est claire - une nuit d'ete a Peters-bourg. On appercoit dans le lointain les rivages de la Finlande. Le ciel est pale, c'est le Nord. Ces rivages sont bien plats. Les nuits sont bien plus belles a Courtavenel. Voyons,; "Vallon" 2, que me veux-tu? Je sais, je sais... "D'ici je vois la vie...", "Repose-toi, mon ame..." 3. Que me veux-tu avec ta tristesse penetrante, avec tes accents emouvants? Laisse-moi un peu en repos, laisse-moi regarder en avant - les cordes que tu fais vibrer sont douloureusement tendues depuis quelque temps - laisse-les se reposer, se taire. Ah! je suis bien fatigue, bien brise, bien las. J'ai peut-etre un peu trop pleure. Ce ne sera rien, je me remettrai. Oui, car je veux me mettre resolument a ma besogne. Il faut arranger enfin ces insupportables affaires de famille, qui trainent apres moi comme des fils d'araignee apres les ailes d'une mouche qu'on vient de delivrer. Il ie Saut absolument et j'yl parviendrai - d'une facon ou d'une autre. Je vous en ecrirai fidelement toutes les peripeties. Vous me permettez, n'est-ce pas, de vous confier tout ce qui a rapport a moi? de vous confier tout, mais tout ce que je ferai, ce que je deciderai, ce qui m'arrivera. La pensee de vivre ainsi sous vos yeux me fera beaucoup de bien et beaucoup de plaisir. Chere et bonne Madame Viardot, quand je vous ennuierai, vous me le direz. La pauvre petite Diane est toute desorientee. Elle me regarde parfois avec des yeux qui semblent me dire: "Mais ou allons-nous donc comme cela? Est-ce que nous n'etions pas tres bien la-bas avec le gros Sultan?" Je n'ai absolument rien a lui repondre et je tache de la consoler. Mais elle remue un peu sa queue, moitie par affection, moitie par politesse, et se couche en rond apres avoir beaucoup tourne sur elle-meme. Pauvre petite Diane, je t'aime parce que tu es bonne, et parce que des yeux que j'aime t'ont regardee, des mains amies t'ont caressee. Pensez aussi un peu a elle; je suis sur que cela lui fera du bien. Pensez aux absents avec bonte. Votre "Entre le ciel et l'eau" m'est beaucoup revenu a la pensee aujourd'hui. Chantez-le, je vous prie, a mon intention quand vous recevrez cette lettre. Je suis si fatigue que je vais tacher de dormir. Je finirai demain cette lettre a Petersbourg et vous l'enverrai demain. Bonne nuit. Que votre sommeil soit doux comme celui des enfants - bonne, bonne nuit. Mardi, 4 /3 h. du matin. Nous voila arrives. Nous sommes devant Cronstadt. Nous ne pouvons pas cependant y entrer. Un brouillard assez epais nous en empeche. Une heure plus tard. Je n'ai plus qu'un moment pour ajouter un mot. Nous partons a l'instant pour Pet<ersbourg>. Une occasion s'offre d'envoyer cette lettre par le meme bateau qui nous a amenes. Je la saisis avec empressement. Je vous ecrirai cependant encore aujourd'hui de Petersbourg. Adieu, mille mille tendresses a vous, a V<iardot>, a tout le monde. Adieu. Je suis presse. A vous de coeur et d'ame. J. Tourgueneff. |
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