Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

17 (29) апреля 1853. Спасское

Spasskoie,

le 17 avril 53.

Chere et bonne Madame V<iardot>, je viens de recevoir votre billet du 9 avril1. Vous vous inquietez de no pas avoir de mes nouvelles. Vous savez deja a l'heure qu'il est que je ne suis revenu ici d'une petite excursion que le 1-er avril, mercredi, j'ai envoye ma lettre samedi 4 (la poste ne partant que deux fois par semaine, les mardis et les samedis). Vous n'avez donc pu recevoir ma lettre le 9, vu le mauvais etat des chemins. Je vous ai ecrit une autre lettre le 112. Je ne croyais pas qu'elle vous trouverait encore a P<etershour>g, mais je vois que vous y restez plus longtemps que je J'avais suppose.

Vos deux lettres (de Moscou et de P<etersbour>g) sont. bien laconiques - la seconde surtout a l'air d'un torrent qui tombe, chaque mot est tout impatient de ne pas etre le dernier. J'espere qu'une fois hors du tourbillon vous me donnerez des nouvelles un peu plus detaillees de ce que vous faites 3. Ah! les cheres lettres que j'ai trouvees ici a mon retour etaient toutes autres. Enfin!

Ma sante va toujours clopin-clopant, comme un lievre qui a recu une bonne charge de petit plomb dans ce que les chasseurs nomment son "sac". Je ne serai, je crois, completement retabli qu'avec le retour du beau temps, c<'est->a-dire aussi completement que faire se peut, car je soupconne fort ma maladie d'etre une certaine petite vilenie qui, dans la langue des medecins, porte le nom sonore et majestueux de cancer au pylore. Je viens de nommer Pylore un des petits de Diane, ce sera retentissant a crier.

Chere amie, je vous prie d'excuser la brievete de cette lettre - j'ai beaucoup a faire aujourd'hui - certaine lettre fort importante pour moi n'a pu etre expediee qu'aujourd' hui, tant elle a eu a subir de traverses4.

Mille choses a tous les bons amis. Pour vous, vous savez tous les sentiments que je vous ai voues et qui ne finiront qu'avec ma vie. J'embrasse vos mains avec tendresse.

Votre

J. Tourgueneff.