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Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич18 (30) октября 1854. Спасское Spasskoie, le 18/30 octobre 1854. Je viens de recevoir votre lettre datee du 12 octobre1, chere et bonne Madame Viardot, et je m'empresse de vous remercier et de convenir de mes torts... Cependant, voici ce que j'ai a dire pour ma defense: l'affaire en question n'a jamais ete qu'une chose extremement vague, a peine formulee dans mon esprit; l'avortement subit par lequel elle s'est terminee le prouve mieux que tout ce que je pourrais dire.A quoi bon des lors vous en parler? Voici ce que je me suis demande - et c'est en quoi j'ai eu tort - mes pensees les plus secretes doivent vous appartenir. Remarquez cependant que ce n'est pas d'autrui, c'est de moi que la nouvelle vous est venue... Maintenant tout ceci est du passe, et je puis vous dire, entre nous, que la jeune personne en question porte le meme nom de famille que moi, qu'elle est blonde, petite, bien faite, jolie et spirituelle, qu'elle m'a fait tourner la tete pendant un mois, mais que cela s'est passe bien vite, et que maintenant, tout en rendant justice a ses qualites, je suis fort content d'etre a Spasskoie, et le serais encore plus, si je lui voyais faire un bon mariage. Cela est venu et cela a disparu comme une bouffee de vent2. Y se acabo. Si je vous ai parle de mes preoccupations dans ma derniere lettre, elles n'avaient aucun rapport a l'affaire en question; ces preoccupations, qui durent encore, je les partage avec tous mes compatriotes; j'avoue que je donnerais volontiers mon bras droit pour qu'aucun de nos envahisseurs (pardon!) n'en rechappe, et si je regrette quelque chose en ce moment,; c'est de n'avoir pas suivi la carriere militaire, j'aurais pu peut-etre verser mon sang pour la defense de ma patrie... Mais laissons la la politique. Parlons de Pauline. Avant tout, sachez qu'elle est libre comme vous et moi et n'a jamais ete autrement; je m'etonne qu'elle ne vous en ait rien dit. Son acte de naissance (elle n'a pas d'autres papiers) est entre mes mains; je vous l'expedierai des le jour de mon arrivee a Petersbourg, ce qui aura lieu dans un mois. Quant a son avenir, il m'est impossible, je le repete, de penser, ne fut-ce qu'un instant, a son retour. Ce serait de la cruaute, ce serait abimer, degaite de coeur, tout ce qui a deja ete fait. Je ne m'explique pas davantage, j'espere que vous me comprenez. Mais cet avenir doit etre assure, il l'est deja, il le sera encore plus. Vous savez qu'une lettre de change de 60 000 francs se trouve confiee a un ami sur, qui, en cas de mort, les reclamerait de mon frere et vous enverrait cet argent; cependant, j'espere faire mieux encore. Je vendrai une petite partie de mon bien et vous enverrai une quinzaine de mille francs dans le courant de cet hiver; je ferai de meme les annees suivantes, si Dieu me prete vie, et je ne serai tranquille que quand la somme entiere sera a votre disposition. Malheureusement, les temps sont difficiles et ma situation est assez embarrassee: cette annee-ci, par exemple, je n'ai eu a depenser pour mon propre compte que 9 000 francs (la pension de la petite y est comprise); l'avenir n'est pas tres gai non plus. Enfin, j'espere qu'a l'aide de mon oncle, je parviendrai a remplir mes engagements. Je serais tres chagrine de donner a penser a Pauline que mon affection pour elle est diminuee; je lui ecris aujourd'hui meme. Je viens d'envoyer a Petersbourg 700 francs que vous recevrez quelques jours apres cette lettre - 640, formant le reste de sa pension, et 60 pour que vous lui achetiez un cadeau quelconque de ma part. Je vous serais tres reconnaissant si vous trouviez une occasion de m'en-voyer son daguerreotype. Vous etes bonne comme un ange pour cette petite, et Mme Garcia l'est comme vous; je ne vous en remercie pas, car on ne remercie pas pour de pareilles marques d'amitie, mais je me mets a genoux devant vous deux et vous embrasse les mains avec effusion. Je suis tres heureux de savoir que vous vous portez bien et que vous etes contente de votre tournee eu Angleterre. Comptez-vous rester tout l'hiver a Paris? Ou bien avez-vous des projets d'excursion3. Votre lettre a mis 17 jours pour arriver jusqu'ici - je vous prierai de repondre a celle-ci a l'adresse de la princesse M<estchersk>y, que je vous ai envoyee, mais que je repete ici pour plus de surete: Rue Ita-lianskaia, Maison Hau, vis-a-vis le Manege Michel. Que fait Viardot? Il va bien, j'espere. L'automne est superbe - vous devez en jouir a Courtavenel - pauvre cher Courtavenel - le reverrai-je jamais? Vous occupez-vous de composition? J'attends avec impatience ce que vous me direz de "La Nonne Sanglante" 4. J'avoue que je trouve ce titre bien vilain et sentant l'ours d'une lieue. Enfin il faut esperer que les beautes de la musique triompheront de tout. Adieu, chere et bonne Madame V<iardot>. Portez-vous bien, soyez heureuse et pensez de temps en temps a votre vieil ami, dont l'attachement ne cessera qu'avec la vie. Mille amities a tout le monde. Tausend Kusse Ihren lieben, guten, schonen Handen. Votre J. Tourgueneff. P. S. Voici encore quelques details sur Mlle Olga Tourgueneff (c'est ainsi qu'elle se nomme), si cela peut vous interesser. Son pere est un vieux general en retraite age de 82 ans - elle n'en a que 19. Sa mere est morte peu de jours apres sa naissance. Elle a ete elevee par une de ses tantes, vieille demoiselle qui demeure avec son pere. Elle a beaucoup degrace, de bonte, beaucoup de finesse et de charme dans l'esprit, mais, comme je l'ai dit plus haut, ya se acabo. |
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