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Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич1, 7, 11, {13, 19, 23) ноября 1850. Петербург Mardi {*}, 1/13 novembre 1850. St. Petersbourg. {* Так в подлиннике.} No 1 Willkommen, theuerste, liebste Frau - nach sieben-jahriger Freundschaft - willkommen an diesem mir heili-gen Tag! Dieu donne que nous puissions passer ensemble le prochain anniversaire de ce jour et que dans sept ans encore notre amitie reste la meme! Je suis alle aujourd'hui saluer la maison ou j'ai eu le bonheur de vous parler pour la premiere fois il y a sept ans. Cette maison est situee sur la perspective Newski, en face du theatre Alexandra1 - votre appartement faisait l'angle - vous en souvenez-vous? Il n'y a pas dans toute ma vie de souvenirs aussi chers que ceux qui se rattachent a vous... il m'est bien doux de sentir en moi, apres 7 ans, une affection aussi vraie, aussi profonde, aussi inalterable que celle que je vous ai vouee - l'impression qu'elle produit sur moi-meme est bienfaisante et penetrante comme un beau rayon de soleil; faut-il que j'aie du bonheur pour meriter qu'un reflet de votre vie se mele ainsi a la mienne? Aussi longtemps que je vivrai, je tacherai de me rendre digne d'un pareil bonheur; je me respecte depuis que je porte ce tresor en moi. Vous savez que ce que je vous dis est vrai, aussi vrai que parole humaine peut l'etre... j'espere que vous eprouverez quelque plaisir en lisant ces lignes... et maintenant permettez-moi de me prosterner devant vous. Mardi {*}, 8/20 novembre. {* Так в подлиннике.} Chere et bonne Madame Viardot, toute une semaine s'est passee sans que j'aie ajoute une ligne a cette lettre; je vous en demande mille fois pardon. Car ce n'est pas une excuse que de vous dire que j'ai ete extremement occupe (et que je le suis encore) tout ce temps-ci; toutes les occupations du monde ne doivent venir qu'en second lieu, quand il s'agit de vous ecrire. Je me mets donc de nouveau a vos pieds en vous priant bien de me pardonner und mir erlauben, diese lieben Fiisse, diese Fusse, denen meine ganzet Seele angehort, als Zeichen der Verzeihung, auf das inbruristigste zu kussen. Il faut vous dire que je me suis charge d'ecrire иде petite comedie en un acte pour Mme Samoiloff2. Je dois la livrer mardi prochain, c'est-a-dire dans une semaine et il faut que je travaille ferme pour etre en etat de le fairЏ. Je vous en raconterai le sujet des que j'aurai un peu plus de temps libre. J'attends avec impatience des nouvelles de votre rentree dans "Le Prophete", je supplie le ciel de vous oter bien vite vos maux d'yeux et vos nevralgies, ce n'est pas bien a lui de ne pas vous rendre la vie aussi douce qu'un "tapis de gazon". Cette derniere phrase me fait penser a Gounod, que j'embrasse de tout mon coeur; dites-lui donc de ne pas oublier d'envoyer ici son "Sanctus", et pour mon usage particulier des petites copies faites de sa fine ecriture de "Trinquons", du "Vieil habit", du "Juif errant" et de "Venise"3. S'il le desire, je les garderai exclusivement pour moi; si non, je continuerai a lui faire des proselytes - le comte Wielhorski est deja fou de lui, grace au "Vallon"4. Si vous voulez aussi m'envoyer une copie de la "Judita" et de deux ou trois autres chansons mexicaines5, je vous en remercierai en embrassant, autant de fois qu'il y aura de notes, chacun des jolis doigts de votre belle main. La petite Pauline doit etre deja a Paris, s'il ne lui est rien arrive en route; je vous remercie deja pour toutes les caresses que vous lui avez faites et toutes les bontes que vous aurez pour elle. Je vous le repete: la seule chose que je lui ai dite en partant, c'est qu'elle ait a vous adorer comme son Dieu; elle ne sera pas la seule a le faire, mais il lui convient a elle surtout de ne jamais penser a vous sans que ses mains se joignent et que ses genoux plient. Ich bitte Sie, erlauben Sie ihr Ihre Hande recht oft zu kussen. Denken Sie, dass wenn es auch nicht meine Lippen sind, so sind es doch Lippen, die mir nahe stehen. Und seien Sie tausendmal gesegnet. Samedi, 11/24 novembre {*}. {* Так в подлиннике.} Chere et bonne Madame Viardot, meine theuerste, beste Freundinn, je viens de recevoir votre chere lettre ecrite le lendemain du "Prophete"6. Vous ne sauriez croire combien votre rentree triomphale m'a ravi, bravo, messieurs les Parisiens! Le reproche que vous me faites de ne pas vous ecrire assez souvent m'a fait rougir et je vous promets de ne pas laisser desormais une semaine sans vous envoyer de mes nouvelles. Comment! Vos pauvres chers yeux ne vont pas encore bien? Ecrivez-moi donc bien vite qu'ils se sont completement remis. Je suis bien content que vous vous soyez liee d'amitie avec Mme Ungher; je vous ai souvent parle d'elle comme de la seule cantatrice que ait produit sur moi une profonde impression - avant vous. Merci aussi pour tous les details que vous me donnez sur notre fille bien-aimee Sapho7 - que le ciel la conduise a bon port! Pour le coup, j'ecrirai a Gounod mardi ou je veux qu'on me traite a jamais d'ami oublieux et ingrat. Il faut le dire: je n'ai jamais ete plus occupe que maiib tenant. Je n'ai jamais su jusqu'a present ce que c'est qu'un travail de ce genre, a la tache, a terme fixe. Et cependant, il faut que cela soit fait; on compte sur moi. Les deux derniers fragments des "Memoires d'un chasseur", qui viennent de paraitre dans "Le Contemporain" ont un grand succes8; je vous le dis, parce que je sais que cela vous interesse. Je n'abandonne pas l'idee de les reunir tous et de les faire imprimer a Moscou9. Vous ne m'avez encore rien repondu sur ma demande a propos de la dedicace - j'espere que vous ne voudrez pas me refuser ce bonheur, d'autant plus que pour le public il n'y aura que trois etoiles10. Je vois assez souvent les deux comtes Wielhorski qui vous aiment bien tous les deux. Pour l'opera italien d'ici, il ne bat que d'une aile. Mario fait le capricieux et ne chante presque pas; Mlle Persiani a la voix plus fausse que jamais. Tamberlick n'a pas de voix ici (a ce qu'il parait une diarrhee presque continuelle en est la cause). Tambu-rini aboie et les autres font encore pis11. J'ai ete entendre "Guillaume Tell" qu'ils ont massacre. Les choeurs surtout sont mauvais et peu nombreux. Mais quelle musique!12 Me voici au bout de la page et je n'ai pas le temps d'en commencer une autre. Mais des que je serai redevenu libre, et je le serai des le commencement de la semaine prochaine, [je jure de vous envoyer une lettre enorme. Jusque-la, portez-vous bien tous. Mille amities a tout le monde. Und Ihnen kiiss ich die Fiisse stundenlang. Tausend Dank fur die lieben Nagel. Votre J. Tourgueneff. Es ist schon lange her, dass Sie mir schriftlich Ihre Irlande zu kussen nicht geben... Warum? Bitte, in nachsten Brief lassen Sie mich Ihre Fusse kussen. |
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