Луи Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

20 февраля (4 марта) 1851. Петербург

St. Petersbourg,

ce 20 fevrier/3 {*} mars 1851.

{* Так в подлиннике.} Il y a bien longtemps que je ne vous ai ecrit, mon bien cher ami, et si je n'etais pas le plus paresseux des hommes, je ne me le pardonnerais jamais a moi-meme, mais j'espere bien que mon silence ne vous a pas fait douter de non affection? Du reste, je n'ai jamais ecrit a votre femme sans vous faire dire mille bonnes choses. J'ai lu avec attention et reconnaissance les quelques lignes que vous m'avez ecrites dernierement1; je sens toute la valeur de vos conseils et vous sais bien gre de l'interet que vous me temoignez. Je concois bien tout ce qu'il y a de hasarde dans ma determination de confier le soin de mes affaires a un autre, mais vu mon incapacite absolue dans ces sortes de choses et ne pouvant pas, par des raisons trop longues a dire, m'en rapporter pleinement a mon frere (non que j'aie les moindres soupcons sur sa parfaite probite) - je crois que ca a ete une bonne fortune pour moi de tomber sur un homme dont le nom seul, pour tous ceux qui le connaissent, est le synonyme de la plus chevaleresque loyaute. De plus, il m'est attache de coeur et je puis vous assurer qu'il y a bien peu de personnes pour lesquelles il serait dispose de faire ce qu'il va faire pour moi2. Votre autre conseil est tout aussi excellent et je me propose bien d'en profiter avec le temps; mais pour le moment, je n'ai pas un rouble de disponible, et tout l'argent que nous pourrons mettre de cote pendant cette annee (fort mauvaise d'ailleurs) sera employe a effectuer notre partage, chose qui coute cher en Russie3. Si le Petit Paris reste sans acheteur jusqu'a l'annee prochaine, je connais bien quelqu'un qui s'en accommodera volontiers4. L'air de la Brie m'est bon et sain de toutes les facons - reste a savoir quand il me sera permis de le respirer.

Je vous envoie ci-joints 12 cents francs, c'est-a-dire unj annee des frais d'education de la petite Pauline que je recommande a votre bienveillante protection. Tout ce que votre femme et vous avez deja fait pour cette pauvre petite est empreint au plus profond de mon coeur et il n'y a rien de plus doux que la reconnaissance quand on la ressent pour ceux qu'on aime et qu'on estime et vous n'avez pas fait un ingrat - je vous en reponds et ne serai heureux quo quand je pourrai vous le prouver.

J'attends avec impatience vos "Arabes"5, j'en parlerai dans les deux revues ou je travaille - je verrai - peut-etre que j'en ferai faire une traduction abregee6. Le sujet est tres interessant et tres peu connu chez nous. Je travaille de mon cote avec assez d'assiduite - ma piece a bien reussi a Petersbourg comme a Moscou7; j'ai plusieurs autres choses en tete, que je vais tacher de mener a bonne fin, si Dios quiere.

J'ai recu l'invitation d'aller a 450 werstes d'ici, dans le district le plus sauvage du g<ouvernemen>t de Nowgorod - on me promet 30 ours! Pourvu qu'il y en ait trois8! Cela me fait penser au bon vieux temps, a nos excursions. J'irai certainement et vous donnerai des nouvelles de cette trentaine. Cid et Sultan vont bien? Diane a ete dangereusement malade, a ce que l'on m'a ecrit de Moscou, mais, grace a Dieu, elle est maintenant hors de danger. J'ai l'intention de faire des chasses-monstres cette annee-ci... J'eusse prefere en faire d'ordinaires en Brie - mais!..

Patience - j'espere bien revoir Gourtavenel tot ou tard.

Adieu; portez-vous bien et gardez-moi un bon souvenir. Je vous serre fraternellement la main. Embrassez Louise de ma part.

Votre

J. Tourgueneff.

P. S. Informez-moi, s'il vous plait, de la reception de cette lettre.

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