Полине Виардо - Письма (1855--1858) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

18 (30) ноября 1858. С.-Петербург

St. Petersbourg.

le 18/29 novembre 1858.

Il y a un siecle que je n'ai reeu de vos lettres, chere et bonne Mme Viardot; Paulinette m'ecrit que vous etes a Pesth1, je vous y ecris a tout hazard. Je suis a Petersbourg depuis quatre jours2 et je n'ai pas encore quitte la chambre; j'ai attrape une assez forte bronchite en route, je vais mieux, mais je tousse encore beaucoup. Voici mon adresse: St-P<etersbourg>, Grande Rue des Ecuries, Maison Weber, nR 34. Ecrivez-moi, je vous prie. Etes-vous seule a Pesth ou bien Viardot est-il avec vous? Etes-vous contente de votre public et quel effet vous font les Hongrois? J'ai toujours eu un faible pour cette nation energique et chevaleresque3. Il parait qu'il faut abandonner tout espoir de vous voir a Petersbourg; la Gde Duchesse4 vient de partir. Le bruit court qu'on vous attend a Varsovie: est-ce vrai?5 Combien de temps resterez-vous a Pesth? Toutes ces questions sont tres importantes pour moi, et vous seriez bien bonne d'y repondre, sans quoi je prevois avec chagrin un assez long hiatus dans notre correspondance, qu'il ne faudrait pas pourtant laisser mourir, apres le temps qu'elle a dure.

Je vous ai ecrit quelques jours avant de quitter Spas-skoie, j'espere que ma lettre vous est parvenue, je vous y donnais quelques details sur l'emploi de mon temps et sur la grave question qui occupe tous les esprits en Russie. La majorite de la noblesse s'oppose non pas a l'emancipation des personnes (la-dessus il n'y a qu'une voix) mais a la cessation d'une partie des terres; cependant, il faut esperer que le gouvernement, appuye sur la minorite, menera l'?uvre a bon port. Quant a moi, j'ai arrange mes affaires de faeon a ce que l'emancipation projetee n'ait rien a changer a mes arrangements avec mes paysans. Ce nouvel ordre de choses commencera a fonctionner des le printemps prochain, et je n'aurai plus sur moi, quand nous nous reverrons, le stigmate de proprietaire d'hommes.

Le travail que j'ai rapporte de Spasskoie (je parle de mon petit roman6) est approuve par mes confreres d'ici7 et je suis content de voir que je n'ai pas depense mon temps en pure perte.

Theuere Freundinn, j'attends de vos nouvelles avec jnpatience. Ecrivez-moi, ne fut-ce que quatre lignes. Mes amities a Viardot, s'il est avec vous. Je vous souhaite tout ce qu'il y a de meilleur au monde et vous serre bien amicalement les mains.

Votre

J. Tourgueneff.

Иван Тургенев.ру © 2009, Использование материалов возможно только с установкой ссылки на сайт