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Полине Виардо - Письма 1859-1861 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич11(23) октября 1859. Спасское Spasskoïê, се 11/23 octobre 59. Imaginez-vons, chère et bonne Madame Viardot, que je n'ai reèu votre lettre, êcrite le 22 septre qu'hier1, c'est-à-dire qu'elle a êtê juste un mois en route! - C'est dêsespêrant! Enfin, Dieu merci, elle ne s'est pas êgarêe en route. Peut-être y avait-il un peu de votre faute: vous n'avez pas mis l'adresse en franèais - on ne peut jamais être assez explicite, et puis il y a une lettre russe que vous n'êcrivez pas bien, le в; vous mettez: ь et en russe c'est une autre lettre. Par exemple: Тургеневу au lieu de Тургеневу; et Орлоьской au lieu de Орловской. Puisque cette lettre a tant tardê, elle aurait dû tarder un jour de plus, et je ne vous aurais pas êcrit une lettre dans laquelle je ne fais que geindre - et me plaindre de votre silence... Enfin, il est possible que mes deux lettres arriveront ensemble - ou qu'elles n'arrivent pas du tout - car comment connaître les voies mystêrieuses de la poste en Russie! J'ai lu et relu votre lettre - comment dire? avec le plus vif intêrêt - c'est une phrase bien bête - avec bonheur - c'est vrai, mais cela paraît exagêrê - enfin, je l'ai relue dix fois et je vous remercie, et je vous dis que vous êtes bien, bien bonne.-- Le pauvre Berlioz m'inspire une vêritable pitiê2, et je suis heureux de savoir que son opêra est une belle chose3 - et qu'il est possible que vous ayez là un magnifique rôle - je dis un - car je vous avoue que remplir deux rôles diffêrents dans une même oeuvte et dans une même soirêe m'a toujours paru un crime de lèzeart - (pas lêzard)4. Cela a l'air d'un tour de force, même quand cela n'en est pas un - et puis on n'aime pas voir un artiste changer de peau aussi vite que cela; on voudrait supposer qu'une crêation doit lui suffire et lui coûter. Dieu lui-même n'a jamais crêê qu'un monde à la fois. Enfin, sauf à me rêcuser plus tard, si l'on parvient à me convaincre - je m'en tiens à ce que j'ai dit. Je ne sais si je vous ai dit que je travaille à un nouveau roman s - je suis en train de composer un fragment de journal de jeune fille6 (toutes les jeunes filles tiennent un journal - en avez-vous tenu un, vous?) - mais c'est bien difficile. Ce mêlange d'absence de raisonnement et d'instinct,; qui vaut tous les raisonnements du monde, est difficile à attraper. Et puis, il faut être naïf... je sens bien de l'enfantin en moi, tout vieux grigou que je suis, mais ce sont là deux choses diffêrentes. Enfin, le vin est tirê, il faut le boire. Ce ne sont pas les loisirs qui me manqueront. Je puis travailler 24 heures par jour, si l'envie m'en vient, personne ne viendra me distraire. Ce qui est vexant, c'est que j'ai rattrapê la mystêrieuse maladie de l'annêe passêe, cette laryngite, qui vous empêche même de chuchoter, sous peine de vous dêchirer la poitrine par des accès de toux convulsive. Il est vrai que je n'ai personne à qui parler; pourtant, ce mutisme forcê est dêsagrêable. Aussi vais-je me couvrir de vêsicatoires. Je reste ici jusqu'au 15/27 novembre - ceci soit dit pour votre gouverne.-- Mais je suis bien bête! Qui me dit combien de temps mettra cette lettre pour arriver jusqu'à vous? Au moins, quand on est à Pêtersbourg, cela va un peu plus vite. Mille choses à tout le monde, à Viardot, à Manuel, a Mme Garcia, etc. etc. Embrassez les petites de ma part et Joli Paul, qui, je l'espère bien, ne vous donnera plus de ces terreurs-là7.-- Portez-vous bien et pensez quelquefois à moi. Je baise avec tendresse cette chère main droite, qui s'est donnê la peine de m'êcrire une si bonne lettre et suis à jamais Der unwandelbar Ihrige J. T. P. S. Vous travaillez si bien que cela?8 Bravo! Mais vous aurez "Krakamiche"9 je n'en dêmords pas. |
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