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Полине Тургеневой - Письма 1859-1861 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич10(22) ноября 1859. Спасское Spasskoïê. Се 10/22 novembre 1859. Ma chère fillette, Il faut pourtant que je t'êcrive cette grande lettre, que je te promets depuis si longtemps et que tu attends - probablement - avec une impatience - fort peu vive.-- Hêlas oui! mon enfant, si j'ai hêsitê jusqu'à prêsent - c'est que je n'ai pas beaucoup de choses agrêables à te dire: mais les choses agrêables ne sont pas toujours saines - et je te prie de lire cette lettre comme je vais rêcrire - c<'est>-à-d avec la persuasion que la vêritê doit passer avant toute autre considêration. Je dois te dire franchement que j'ai êtê peu content f'e toi pendant mon dernier sêjour en France. J'ai dêcouvert en toi plusieurs dêfauts assez graves, qui êtaient moins dêveloppês il y a une annêe. Tu es susceptible, vaine, obstinêe et cachotière. Tu n'aimes pas qu'on te dise la vêritê et tu te dêtournes facilement des personnes que tu devrais aimer le plus, dès que ces personnes cessent de te cajoler. Tu es jalouse: crois-tu que je n'ai pas su comprendre pourquoi tu affectais d'êviter ma prêsence pendant les derniers jours de mon sêjour à Courtavenel? - Du moment où tu t'es aperèue que je ne m'occupais pas exclusivement de toi,-- je ne t'ai plus vue: tu as disparu. Tu manques de confiance; combien de fois ne t'es-tu pas refusêe à achever une confidence que toi-même avais commencêe? - Tu n'aimes à frayer qu'avec des personnes que tu supposes au-dessous de toi; - ton amour-propre prend des airs de sauvagerie, et si cela continue ainsi, ton intelligence, ne frayant pas avec d'autres intelligences supêrieures à la tienne, ne se dêveloppera pas. Tu es susceptible même envers moi, qui certes n'ai jamais rien fait qui ait pu te blesser; crois-tu que c'est agir en bonne fille - que de ne m'avoir pas êcrit une seule fois depuis deux mois que nous nous sommes quittês? Tu diras que je ne t'ai êcrit qu'une seule fois, que tu attendais mes lettres: tu aurais raison, si tu êtais un avocat, plaidant sa cause contre une personne êtrangère: mais de pareilles considêrations ne valent rien entre un père et une fille.-- Tu as beaucoup de bonnes qualitês,-- et si je ne t'en parle pas,-- c'est que je le trouve aussi dêplacê - que si j'allais m'adresser à moi-même des compliments sur les bonnes qualitês que je puis avoir: tu es trop près de moi, je t'aime trop pour que je ne te considère pas comme faisant partie de moi-même. Je prêfère t'indiquer tes dêfauts avec une sêvêritê peut-être exagêrêe; je suis sûr que tu ne peux attribuer mes paroles qu'au dêsir de te voir aussi parfaite que possible - et que s'il y a même une certaine exagêration dans mes reproches, loin d'en prendre de l'humeur - tu n'y verras qu'une nouvelle preuve de mon affection pour toi. Ma chère fillette, je veux t'aimer encore plus que je ne t'aime dêjà; il ne dêpend que de toi d'êcarter les obstacles qui s'y opposent. Rêflêchis à ce que je t'ai dit - et tu verras que cela n'est pas difficile. A ton âge j'avais aussi cette susceptibilitê boudeuse qui ne demande pas mieux que de se renfermer dans son quant à soi - qui croit pouvoir se passer d'affection. Ah! mon enfant - l'affection est une chose si rare et si prêcieuse, que c'est une folie de la repousser, de quelque part qu'elle vienne - à plus forte raison - quand c'est un vieux bonhomme de père qui ne demande qu'à chêrir sa fille.-- Allons - c'est fini! Cette lettre te sera dure à lire - elle m'a êtê pênible à êcrire - et j'ai hâte de t'embrasser, bien fort, comme dit Didie1, pour me dêdommager de cette contrainte. Je quitte Spasskoïê - s'il plaît à Dieu - dans une semaine. Ecris-moi à St. Pêtersbourg, Grande rue des Écuries, maison Weber. Je t'embrasse encore une fois. Ton père qui t'aime J. Tourguêneff. |
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