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Фридриху Боденштедту - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич19(31) октября 1862. Париж Paris. Се 19/31 octobre 1862. Rue de Rivoli, 210. Mon cher Monsieur Bodenstedt, je suis arrivé à Paris depuis deux jours et l'on m'a remis la lettre que vous m'aviez écrite au mois de mai, et qui jusqu'à présent a dû rester sans réponse, car elle ne m'a pas trouvé ici. J'étais parti pour la Russie, sans pouvoir, à mon grand regret, traverser Munich. Me voici de retour pour l'hiver et je m'empresse de me remettre en communication avec vous. Je ne puis m'empêcher de commencer par vous parler de la traduction de ma nouvelle "Faust"1 - quoique ce soit un peu égoïste de ma part. Je Viens de la lire et je suis resté ravi à la lettre - elle est tout simplement parfaite. (Je parle naturellement de la traduction, non de la nouvelle). Il ne suffit pas de connaître à fond le russe - il faut encore être grand styliste soi-même, pour faire quelque chose d'aussi complètement réussi. Cette bonne fortune m'a fait venir l'eau à la bouche - et voici ce que je me permets de vous proposer. Je serais très heureux de me faire connaître au public allemand par {Далее зачеркнуто: l'introduct} l'entremise d'un introducteur aussi excellent et aussi populaire que vous l'êtes - et si vous vouliez faire un choix de mes nouvelles pour les publier, je serais enchanté de tenir à votre disposition la somme que vous jugeriez suffisante pour vos honoraires - car je sais bien que les éditeurs actuels ne sont guère disposés pour tout ce qui est russe et ne se chargeraient tout au plus que de la publication. Si cette idée vous paraît acceptable, dites-moi un mot2.-- Quant à moi, je pourrais aller aisément aller {Так в подлиннике.} jusqu'à mille thalers. Ce n'est pas trop pour avoir la chance de {В подлиннике ошибочно: de de} se faire apprécier par un public pareil au vôtre. En tous cas, vous seriez bien aimable de m'en dire votre avis. Quant à cet infortuné article que vous avez envoyé à Pétersbourg - c'est une autre affaire. Il faut avouer que nous y avons joué de malheur3. Dans l'espace d'une année - cette revue ("Le Contemporain") a perdu ses deux rédacteurs les plus influents par la mort4, deux autres ont été emprisonnés (Tchemichefski va être jugé par le sénat)5 - enfin elle a été suspendue pour 8 mois - ce qui signifie - pour toujours6. Il y a toujours eu un peu de désordre dans ses papiers - maintenant c'est un chaos - et je crains fort ne pas pouvoir retrouver cet article. Cependant dans ce moment même, un de mes amis est activement occupé à cette recherche7 - et je ne désespère pas encore. Je vous écrirai immédiatement, dès que j'en aurai des nouvelles positives. J'espère que votre santé est bonne et que vos yeux ne vous font pas souffrir. Présentez, s'il vous plaît, mes compliments à votre famille et rappelez-moi au bon souvenir de Mr P. Heyse. Si vous voyez Mme Nelidoff, dites-lui que j'attends une réponse à la lettre que je lui ai écrite de Bade8. Je lui ai envoyé en même temps un exemplaire de mon dernier roman - "Отцы и дети". Demandez-le-lui, si cela vous intéressait de le lire - ou bien je vous en enverrai un d'ici. Je compte sur une prompte réponse et vous serre bien cordialement la main. Votre tout dévoué J. Tourguéneff. P. S. Dans votre traduction, p. 69, ligne 15 d'en haut - il y a probablement une faute d'impression. Dans l'original - il y a: zu starr (пристальный - fixe) fur Kinderaugen - et non pas feurig, ce qui serait en contradiction avec ce qui a été dit précédemment9. |
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