Полине Виардо - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

2, 3(14, 15) января 1864. Берлин

No 2

Berlin.

Hôtel de St-Pétersbourg.

Jeudi, 14 Janvier 1864.

Il est 7 heures 1/4 du soir, chère Madame Viardot - dans ce moment vous êtes tous réunis au salon, vous faites de la musique, Viardot sommeille au coin du feu - les enfants dessinent - et moi, dont le cœur est aussi dans ce salon bien-aimé, je me prépare à redormir encore un peu si c'est possible avant de me mettre en route pour Kimigsberg.-- (Le train part à 10 h 3/4.) J'ai vu Pietsch chez lui - et je l'attends pour prendre une tasse de thé avec moi.-- Il vous adore plus que jamais et il est très triste et très découragé, le pauvre garèon.-- Pauvre est le mot, hélas1! Il m'a fait mille questions sur vous, sur vos enfants etc. J'ai vu aussi sa femme, qui est bien maigre - et ses enfants qui sont bien jolis.-- Dites à Viardot qu'il est formellement défendu d'emporter un fusil en Russie - et que le sien va faire un séjour forcé chez Pietsch, auquel du reste je le recommanderai particulièrement.

Je me fais l'effet d'un homme qui rêve: je ne puis nvhabituer à l'idée que je suis déjà si loin de Bade - et les personnes et les objets passent devant moi, sans avoir l'air de me toucher. Une fois à Pétersbourg je vais travailler des pieds et des mains pour me débarrasser au plus vite.

J'achèverai cette lettre demain à Königsberg ou sur la frontière et je vous l'enverrai.-- En attendant je vous serre la main et j'ai le cœur bien gros.

15 à 1 h.

Me voici à Königsberg. Je pars dans une demi-heure.

Mille amitiés.

J. T.

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