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Полине Виардо - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич19(31) января 1864. Петербург No 9 St-Pétersbourg. Hôtel de France, ce 19/31 janvier 1864. Dimanche. Theuerste, beste Freundinn, il est minuit, dans ce moment vous roulez en chemin de fer dans la direction d'Erfurt et de Leipzig - et j'espère que vous dormez tranquillement, tandis que toutes mes pensées vous accompagnent et que je vous vois d'ici enveloppée dans une bonne pelisse, un bon plaid sur vos chers pieds dans un wagon à demi-somb-re et chaud.-- Si vous dormez, rêvez-vous à votre fidèle ami dans ce lointain Pétersbourg, qui ne cesse de bercer sur son cœur votre image bien-aimée, cet ami qui compte les jours qui le séparent encore de vous? - Soyez mille fois bénie; que votre voyage soit heureux, que tout vous réussisse et qu'à mon retour j'aie le bonheur de vous voir bien portante, gaie et sereine et daignant me garder cette affection qui est le plus grand trésor et l'unique but de ma vie! J'ai reèu aujourd'hui votre lettre datée du "petit salon, 25"1 - je vous en ai écrit deux à Leipzig - en les adressant - à P V, berühmte Sängerin am Gewandhaus.-- J'espère qu'elles vous sont parvenues2.-- Si pourtant vous ne les aviez pas reèues, je me borne à vous dire que mon affaire avec le Sénat est finie - et que j'ai reèu l'assurance qu'on ne me refuserait pas la permission d'aller où bon me semble, même hors du pays; - ce qui fait que dans un mois je quitte Pétersbourg.-- On doit m'apporter demain les premières épreuves des romances: l'éditeur assure qu'il marchera au grand galop. Mon pied ne me fait plus mal du tout et ma toux a disparu; à l'exception de deux ou trois jours de froid, le temps a été très doux depuis mon arrivée ici.-- J'attends mon oncle - à propos je vous envoie ci-joint sa photographie, extrêmement ressemblante: elle peut vous intéresser. Je vous apporterai, puisque vous le désirez, une collection de mes photographies à moi. Je regrette beaucoup de n'avoir pas emporté celle de Didie.-- La vôtre fait mes délices et je passe tous les jours de longs et bons moments à contempler ces traits, dont l'expression m'attendrit jusqu'au fond du cœur, et dans lesquels je découvre toujours quelque chose de plus adorable. J'ai assisté (hier) à une excellente représentation de "Fidélio": tous les rôles étaient remplis par les premiers sujets3.-- Calzolari faisait Florestan. - Mlle Barbot est un peu insuffisante, comme voix et comme jeu - surtout dans la grande scène - mais il y a un je ne sais quel souffle poétique dans ce qu'elle fait: - c'est trop élégant quelquefois et trop franèais; elle se donne beaucoup de peine et chante avec conscience - Rocco et le tyran (Anjiolini et Everardi) étaient parfaits. Le vieux Botkine se pâmait à mes côtés - et je dois dire que la musique m'a fait un effet extraordinaire. J'ai applaudi comme un claqueur. Aujourd'hui j'ai entendu le quatuor 127 (posthume) de Beethoven joué à la perfection par Wieniawski et Davidoff: c'était bien autre chose encore que Mrs Morin et Chevillard. Wieniawski a énormément gagné depuis que je l'ai entendu pour la dernière fois; il a joué "La Chaconne" de Bach pour violon seul de faèon à pouvoir se faire entendre même après l'incomparable Joachim4. Je commence à croire que ma nouvelle ne paraîtra pas5; mes amis sont un peu effrayés et murmurent le mot d'absurde.-- Vous pouvez vous imaginer ce que dira le public! - Je regrette un peu la somme assez ronde que cette machine m'aurait rapportée; mais il ne faut pas non plus s'exposer à ce qu'on vous paie {Далее зачеркнуто; bien} moins plus tard.-- Je suis tout stupéfait moi-même des profonds calculs que je fais là. Un littérateur de mes amis, du nom de Droujinine est mort ce matin: il y a longtemps qu'il était malade (de la poitrine) et quand je l'ai vu (quelques jours après mon arrivée) - c'était un spectre. Il s'est endormi tranquillement - il n'a pas souffert. La mort est une grande et terrible chose et si elle pouvait entendre ce qu'on lui dit, je la supplierais de me laisser encore sur la terre: je veux vous voir encore - et pendant longtemps si c'est possible.-- О ma chère amie, vivez longtemps et laissez-moi vivre auprès de vous.-- Adieu, à après-demain. Dites mille choses de ma part à Mme Flinsch.-- Quant à vous, je vous baise les mains mit Inbrunst. Der Ihrige J. T. |
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