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Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич29, 30 января (10, 11 февраля) 1867. Баден-Баден No 3 Bade. Schillerstrasse, 277. Dimanche, 10 février 1867. Chère Madame Viardot, je ne vous ai pas écrit aujourd'hui parce que, je dois le dire, je me sens tout à fait découragé. L'état de mon maudit pied empire de jour en jour - je ne puis me le dissimuler - et je crois qu'il faut renoncer à partir sitôt - ou plutôt il faut renoncer à pouvoir fixer une époque positive1. Et cependant je n'ai fait aucune imprudence, j'ai scrupuleusement rempli les prescriptions du médecin: mais il y a longtemps qu'il est au bout de son latint et il me Va dit du reste avec une franchise qui l'honorej mais qui ne me console guère. Je n'ai pas besoin de vous dire combien cet odieux contretemps m'est pénible; enfin il faut se résigner à ne plus rien espérer et à ne compter sur rien. Lundi matin. Oh theuerste Freundinn, welche Freude hat mir heute Ihr grosser, schöner Brief gemacht! Ich küsse Ihnen dafür iausendmal die lieben, guten Hände! J'avais besoin de cette consolation: me voilà recloué sur mon sopha - je ne puis plus du tout marcher - même avec l'aide d'un bâton. Je ne veux plus parler ni de ma maladie, ni du voyage: je vois qu'il faut laisser les événements venir comme ils le voudront. Ainsi je ne sais plus quand nous nous reverrons. Je suis extrêmement heureux de ce que vous me dites à propos de mon dernier livre2: vous savez que vous êtes le souverain juge et arbitre: - je sais bien que vous me lisez avec les yeux bienveillants - ou plutôt avec des yeux qui achèvent ce que je ne fais qu'indiquer; mais pourtant je sais aussi qu'avec votre sens si fin et si pur - vous ne donlierez pas "un bon petit numéro" à ce que n'en vaudrait qu'un médiocre. Je ne sais pas quel succès aura mon ouvrage en Russie3, mais je tiens mon succès, le seul que j'ambitionne,-- votre approbation. Il est évident que je ne suis pas assez fou pour prendre à la lettre ce qu'a dit Begas4; - mais j'en suis content, car j'imagine que cela a dû vous faire du plaisir.-- Allons, jouissez de votre séjour à Berlin, qu'il vous soit profitable et rende heureux ceux qui vous approcheront et vous verront. Voici mon opinion sur la proposition de Levi: moi, j'eusse préféré un autre opéraf malgré le magnifique troisième acte - mais si on ne peut faire autre chose, acceptez. Après tout, je suis sûr que cela vous amusera - et que les bons Berlinois ne seront pas fâchés. Seulement, prenez bien vos mesures pour que vous n'ayez pas des cam à vous donner la réplique.-- Viardot voudrait aussi autre chose qu' "Othello"5. Hélas! ma chère amie, Louise s'est bien vite pétrifiée - et toutes les fois qu'elle parle, je ne puis m'empêcher de penser aux paroles de métal. C'est une nature profondément anti-sociable, antipatique et aussi peu bonne qu'on peut l'être sans se faire montrer au doigt. Elle est venue ici par un coup de tête, elle vous quittera de même, et je suis a peu près aussi sûr qu'on peut l'être que c'est une boutade (ce mot est étrange, mais vrai), qui lui a fait quitter son mari6. Quel caractère, grand Dieu! Je ne puis plus la regarder en face: je me sens trop gêné. Pauvre amie, tout cela vous prépare bien de tracas, à vous et au bon Viardot. Mon oncle m'écrit des lettres folles, il se dit mortellement offensé par moi, se considère comme "un prisonnier", s'est enfermé dans sa chambre et ne veut voir personne7. Vous jugez combien les affaires en souffrent et combien ma présence est nécessaire àSpasskoïé. Et mon pied?!! Enfin... L'architecte Armbruster (celui de Mme de Merck) doit visiter ma maison aujourd'hui de fond en comble8. Adieu, theuerste Freundinn. Tausend Küsse Ihren lieben Händen. J'embrasse Didie et je salue tous les amis. Der Ihrige J. T. |
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