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Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич2, 3(14, 15) марта 1867. Петербург No 4 St-Pétersbourg. Karavannaïa, 14. Jeudi, 3/15 mars 1867. Chère Madame Viardot, je vous ai envoyé hier matin un télégramme à Berlin avec réponse1 - je vous demandais de préciser un peu les circonstances imprévues dont vous parlez et que je ne puis que soupèonner - mais voici la journée de mercredi écoulée - et la matinée du jeudi - et rien n'est venu. Je dois croire que vous êtes partie de Berlin encore plus précipitamment que vous ne vous y attendiez - et vous pouvez facilement vous imaginer toutes les pensées qui me traversent la tête et avec quelle anxiété je pense à ce qui peut se passer à Bade. J'espère encore que vous m'aurez écrit un mot avant de quitter Berlin2. Il faut pourtant que je vous dise ce que j'ai fait depuis deux jours. J'ai vu le pauvre Milutine: c'est une ruine. Il parle peu - sans trop d'effort - mais il prend constamment un mot pour un autre. Il a oublié les lettres, les chiffres. Il m'a demandé si je voulais donner ma voiture à un aqueduc, c'est-à-dire mon roman à une revue: Vanitas vanitatum et omnia vanitas3! Lui, si brillant, si intelligent, si énergique... un enfant qui balbutie! Son bras et sa jambe sont complètement immobiles... l'homme peut survivre - mais Milutine est mort. Mon pied va beaucoup mieux - je n'ai presque plus besoin de canne. Et cela malgré le froid horrible qu'il fait: vingt et vingt-deux degrés! Des affaires à arranger me retiendront ici jusqu'à dimanche - je pars alors pour Moscou, je remets mon manuscrit à Katkoff4 - et pendant qu'on le met à l'imprimerie, je vais à Spasskoïé pour extirper la dent malade5 - et je n'y reste qu'une dizaine de jours tout au plus - puis je reviens à Moscou6. Je vous prie de m'écrire à mon adresse à Moscou. Et dire que je ne sais rien - ni de votre soirée chez la reine7 ni sur celle de Pietsch... Mais vous devez avoir d'autres choses en tête... Pourtant si vous m'écriviez deux mots? Vendredi matin. Je viens de recevoir votre télégramme ou plutôt la réponse à mon télégramme qui m'annonce votre départ pour Bade, où l'on attend Héritte... Dieu veuille que tout s'arrange d'une faèon au moins supportable! Dans mon inquiétude j'ai envoyé un autre télégramme à Viardot. Je dois dire que je ne serai délivré de mes préoccupations que quand je reverrai le cher nid de là-bas ... Gela ne sera pas de sitôt - hélas! Botkine et moi nous avons passé la soirée d'hier chez Mme Abaza. Elle a organisé un chœur de jeunes demoiselles - et cela ne marche pas trop mal. Nous y avons trouvé Rubinstein et sa femme. Il a joué comme un lion, en secouant un peu trop sa crinière - musicalement parlant. On a beaucoup parlé de vous. Mes deux machines font beaucoup de bruit à Pétersbourg8 - on voudrait me faire lire à droite et à gauche, mais j'ai autre chose à faire. J'écrirai à Bade - à Viardot, à Marianne et à Mme Anstett, dès demain. Aujourd'hui j'embrasse tout le monde et vous serre bien cordialement les mains. Der Ihrige J. T. |
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