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Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич22 марта (3 апреля) 1867. Москва Moscou. Au comptoir des Apanages, boulevard Pretchistenski. Mercredi, 3 avril/22 mars 1867. Aléa jacta est! chère Madame Viardot, je ne vais pas à Spasskoïé! Je n'aurais pu le faire que dans quinze jours - d'ici là les chemins sont impraticables - et je ne veux pas rester si longtemps en Russie; - et puis j'ai enfin reèu des lettres raisonnables de mon oncle: il se résigne à céder les rênes du pouvoir. Mon intendant me fait savoir aussi qu'il commence à devenir le maître: il paraît qu'il a trouvé un chaos indicible. Ma présence n'aurait pas servi à grand'-chose. Mon oncle voudrait me revoir - et je ne demanderais pas mieux que de lui procurer cette satisfaction - mais c'est impossible. Je lui écris chaque jour des lettres fort longues - et j'espère qu'il s'en contentera1. Je vois bien qu'il y aura fort à faire pour remettre la barque à flot - mon oncle l'a laissé terriblement ensablée... les deux premières années je serai obligé de tirer la Muse par l'oreille - puisque la littératare donne encore.-- Je crois que j'ai mis - dans mon intendant - la main sur un homme énergique et sensé2. Ainsi - voici mon plan - si rien ne vient se mettre en travers: je reste ici jusqu'à lundi 8 avril. J'achève mes épreuves, je prends sous le bras 10 exemplaires, je palpe l'argent de Katkoff3, je fais deux lectures publiques - il m'a été impossible de m'y soustraire - samedi pour les Ruthéniens de la Galicie4, que notre société soutient contre les attaques et les menées des Autrichiens et des gentilshommes polonais; - dimanche à une séance - des "Amis de la littérature russe"5; - je suis de ces amis-là depuis 10 ans - et je n'ai jamais rien lu,-- en un mot - c'était indispensable.-- Lundi je file pour Pétersbourg - où j'arrive mardi. Jeudi je refais une relecture republique pour notre société de secours aux littérateurs indigents6 - j'ai dû le promettre à Annenkoff; et vendredi je me mets en route pour Berlin. Dimanche matin, je descends à l'hôtel d'Angleterre, je repars le soir - et lundi, 15 avril, si Dieu me prête vie, à 3 1/2 h - je roulerai sur le petit chemin de fer d'Oos à Bade... Silence! silence! N'éveillons pas le chat de la mauvaise chance qui ne dort jamais que d'un œil. A propos de mauvaise chance, je dois dire que mon pied, après m'avoir fait souffrir pendant quarante-huit heures, a l'air de vouloir revenir au status quo... assez insuffisant - d'il y a une semaine. Pourvu que je puisse arriver tant bien que mal jusqu'à Bade! Je suis sûr que là-bas je serai bientôt guéri - ou si je ne le suis pas - je m'en consolerai aisément. Vous êtes bonne comme un ange, chère Madame Viardot - vous me gâtez avec ces adorables petites lettres, qui me rendent mes journées lumineuses. C'est un vrai bienfait - car si vous êtes triste là-bas - avec ce trémolo7 dont vous parlez, je ne suis pas non plus bien gai ici. Il faudra pourtant prendre quelques mesures - si E(rnest) vient en juin; plus j'y réfléchis et plus je ne vois pas pour Louise la possibilité de rester à Bade, où rien ne pourrait amortir le choc8. Vive Gérard la tortue! Grâce à lui, le monde musical pourra jouir de ces petits chefs-d'œuvre - (je maintiens le mot) pour piano et violon9. La pièce en vers de Lenau que vous me copiez - est à peu près la seule de lui que j'aime - et je suis fort curieux d'entendre la musique que vous ont inspirée ces paroles 10. Faites encore quelque chose; pour qu'à mon retour, j'aie du nouveau à entendre... Mon retour... Je n'y croirai que deux jours après mon arrivée - Schillerstrasse 277. Mille amitiés à tout le monde, à commencer par Viardot. Je vous embrasse les mains avec tendresse. Au revoir le 15 avril! Der Ihrige J. T. |
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