Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

17(29) мая 1866. Ружмон

No 4

Rougemont1.

Mardi, 29 mai 1866.

Chère Madame Viardot, je suis arrivé ici hier pour le dîner après un trajet de 5 3/4 h. J'ai trouvé tout le monde bien portant. Mon gendre est engraissé2 - et Pauline, qui est "in a family way" depuis un mois à peu près, prend des proportions monumentales3. Sa belle-mère, qui n'est plus - de beaucoup - aussi ridicule qu'elle l'avait été, se trouve également à Rougemont. Quant au vieux bonhomme (pas bonhomme du tout par parenthèse), je l'ai vu avant-hier matin à Paris et il s'est plaint un peu de son fils, des voyages inutiles qu'il aurait faits (l'un de ces voyages a été la cause de la fausse couche) etc. Cependant, comme les jeunes gens paraissent s'aimer véritablement, il n'y a rien à dire, ils seront plus prudents à l'avenir, je l'espère. Je suis très content de voir que tout va au mieux - mais je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'intérieurs où toutes les "idéalités" soient si radicalement absentes: je suis sûr qu'on n'y lit jamais quoi que ce soit. Ce n'est pas une calamité - si l'on veut - mais je m'étonne un peu que ma fille soit ainsi - el e crèverais d'ennui au milieu de cette vie bruyante et jeune - mais exclusivement matérielle, si je devais y rester longtemps4. A propos de cela, je ne puis partir qu'après-demain "eadi dans la matinée (j'avais compté pouvoir le faire demain soir) - Mr le marquis de Nadaillac (propriétaire de la verrerie) dîne aujourd'hui chez nous et demain nous dînons chez Mr le marquis de Nadaillac. Cela fait que je ne pourrai arriver à Bade que samedi matin à 10 h. Ce jour-là, par exemple, il faut que le ciel s'écroule sur ma tête, pour que je n'assiste pas à la matinée5.

J'ai à vous remercier de votre bonne chère lettre6; je l'ai lue et relue avec un plaisir tout particulier. Décidément, la reine de Prusse a toutes mes sympathies et je suis très curieux d'entendre "Le Vallon"7. Quant à votre pied, je ne doute pas qu'à mon retour vous ne soyez capable de danser. Il me semble qu'il y a un an que j'ai quitté Bade! Cette fois-ci - l'employé du chemin de fer à Oos aura de la peine à éviter mes embrassades.

Je suis venu ici avec Mme Innis, et je la remmène à Paris.

Je suis allé dimanche matin voir M. Ducamp pour le prier de mentionner - ne fût-ce que d'un mot - le tableau de Pomey - dans son compte rendu du Salon. Mais son article est fait et paraîtra dans le n° du 1-er juin de la Revue8. Flaubert a quitté Paris tout dernièrement. Il compte venir passer quelques jours à Bade9. Toutes les commissions pour Gérard10, etc. seront ponctuellement remplies.

Le pays ici est assez joli - pour la France - mais en somme - c'est mesquin et sans physionomie. La maison est bien arrangée et le potager superbe - bien autrement beau que le mien. Il fait assez doux depuis deux jours.

Oh! quand serai-je à Bade! J'en ai des impatiences dans tous les membres et je me soigne tant que je puis, pour ne pas attraper quelque indisposition.

Je vous écrirai encore une fois de Paris; en attendant, mille choses à tout le cher monde et un shakehands bien affectueux à vous.

Der Ihrige

J. T.

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