Вильяму Рольстону - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

7(19) октября 1866. Баден-Баден

Bade.

Schillerstrasse, 277.

Vendredi, 19 oct. 66.

Monsieur, J'ai reèu la lettre que vous avez bien voulu m'écrire ainsi que le No du "Fortnightly Review" qui l'accompagnait. (Je vous demanderais la permission d'écrire en franèais: je connais bien la littérature de votre pays, je parle l'anglais assez couramment, mais il me serait difficile d'écrire en cette langue.) - J'ai lu avec le plus grand intérêt votre excellent article sur Koltsoff1; personnellement je l'ai peu connu, l'ayant à peine rencontré une ou deux fois à Pétersbourg2, mais j'ai été intimement lié avec beaucoup de ses amis, avec Bielinsky surtout, qui lui aussi mériterait qu'on le fît mieux connaître, qu'on ap préciât l'influence qu'il a eue et le rôle social qu'il a joué. Koltsoff a été un vrai poète populaire, tel qu'on peut en voir dans le siècle où nous sommes - et si c'est lui faire trop d'honneur que de le comparer à BurnSj qui a une nature et une veine très autrement riches et fortes - il ne manque pourtant pas de certains points de ressemblance avec lui - et il y a une vingtaine de ses petits poèmes, qui dureraient autant que la langue russe elle-même3.

Je ne puis qu'être très heureux de voir que vous avez l'intention de répandre parmi vos compatriotes la connaissance de notre littérature. Sans parler de Gogol, je crois que les ouvrages du comte Léon Tolstoï, d'Ostrofski, de Pissemski, de Gontcharoff pourraient offrir de l'intérêt en présentant une nouvelle manière de comprendre et de recdre l'élément poétique; on ne peut nier que depuis Gogol notre littérature n'ait pris un caractère original; reste à savoir si ce caractère est assez prononcé pour arrêter l'attention des autres nations. La vôtre est celle dont l'approbation, la sympathie seraient les plus précieuses - vous n'ignorez pas jusqu'à quel point l'influence anglaise est puissante chez nous - et combien vos écrivains sont appréciés - et je le répète, je ne puis qu'applaudir à votre intention et en féliciter mon pays.

Il me serait très agréable de nouer une liaison personnelle avec vous - et je me serais volontiers mis à votre disposition pour tous les renseignements, dont vous pourriez avoir besoin. Dans tous les cas, je vous prie de compter sur moi.

J'ai l'intention de passer les mois de février, mars et avril en Russie; mais je crains bien que je n'y serai plus quand vous viendrez. Je ne doute pas de la réception amicale qui vous y attend - et je serais heureux d'y contribuer4.

J'apprends avec plaisir que le Mr Lewes, avec lequel j'ai étudié à Berlin en 1838, c'est la même personne que l'éminent biographe de Goethe5. Je vous prie de lui présenter mes amitiés, et d'accepter pour vous-même l'expression de mes sentiments les plus distingués.

J. Tourguéneff.

P. S. Si vous voulez me répondre, vous n'avez qu'à le faire en anglais.

На конверте:

England.

Monsieur W. R. S. Ralston,

Aide-libraire au

Musée Britannique.

London.

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