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Валентине Делессер - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич7(19) февраля 1866. Баден-Баден Bade. Schillerstrasse, 277, ce 19 février 1866. Chère Madame, Il y a longtemps que j'aurais dû répondre à votre dernière lettre, mais je me réservais de le faire de vive voix: vous n'ignorez pas que j'avais l'intention de venir à Paris vers le milieu de ce mois ; ma fille et moi, nous nous y étions donné rendez-vous. Malheureusement, il m'est survenu une inflammation du muscle du pouce à la main gauche, qui a pris tout à coup une vilaine tournure: depuis quinze jours je ne bouge plus de chez moi et je change toutes les 10 minutes de compresses d'eau froide. Cela va mieux maintenant, quoique je ne puisse pas encore me servir de ma main; il paraît que ces maladies-là sont lentes à guérir et mon médecin me recommande de la patience. Je tâche de suivre la prescription. Cela me rejette jusqu'au printemps pour le voyage de Paris - et c'est ce qu'il y a de plus désagréable dans toute l'affaire. Je suis très heureux de savoir que vous allez bien ; ma fille, qui ne peut assez se louer de vos bontés, m'a donné de vos nouvelles. J'espère qu'il ne se passera pas trop de temps avant que j'aie le plaisir d'entrer dans ce charmant petit salon de la rue Basse, où il fait si bon de toutes les faèons. Je vous recommande aussi - et fort instamment - de lire la petite nouvelle dont vous a parlé la comtesse Adlerberg1 - et j'ajouterai que c'est un chef-d'œuvre dans son genre. Malheureusement pour moi - elle n'est pas de mon cru ; elle est de Gogol, et se trouve dans un volume de ses nouvelles publié par Hachette. Le titre en est: "Un ménage d'autrefois"2. Comme je viens de le dire, je ne puis m'empêcher de regretter de n'en être pas l'auteur, je le regrette beaucoup pour moi - et un peu pour la comtesse, qui, je le crois, est un peu plus forte en musique qu'en littérature, ce qui ne l'empêche pas d'être une femme charmante. Comme je sais que vous voulez bien vous intéresser à mes travaux littéraires, je puis vous dire que j'avais poussé assez avant mon roman 3, quand ce désagréable incident est venu refroidir mon ardeur... (Refroidir - est bien le mot, puisqu'il s'agit d'eau glacée.) Cependant je ne désespéré pas de reprendre le fil interrompu de ma narration. En attendant, je vous prie de me rappeler au souvenir de tous les vôtres et d'accepter l'assurance de mon attachement sincère et dévoué. J. Tourguéneff. |
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